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Musique 01.04.2016

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Chamboulements musicaux dans les médias romands

Aux signataires de la pétition de certains membres de l'Union suisse des chorales représentés par Monsieur Thierry Dagon

 

Mesdames, Messieurs,

Votre pétition nous est bien parvenue. En fait, elle aborde en un sujet deux thèmes et deux problèmes complètement différents. (…)

Le premier sujet, celui de la suppression du Kiosque à Musiques TV, est la conséquence de la mise en oeuvre d'un plan d'économie au sein de la SSR (et donc de la RTS) dès le 1er janvier 2016. L'impact budgétaire de ce plan se monte à près de 40 millions de francs annuels récurrents pour la SSR, plus de 11 pour la RTS et environ 7 millions pour le seul département des Programmes. Cette situation a donc des répercussions sur les prestations de programmes et sur les emplois. Comme 90% de nos charges sont liées, d'une manière ou d'une autre, à notre offre programmatique, nous n'avons d'autre choix que de diminuer nos prestations dans différents domaines éditoriaux. 

Ainsi, le budget des achats de programme, de la fiction produite, des émissions jeunesse, de la musique populaire et de variété, ainsi que des émissions religieuses a été ou sera réduit par étapes entre le 1er janvier 2016 et le 1er janvier 2017. Comme vous pouvez l'imaginer il n'est ni agréable, ni facile, de décider de coupes de programmes. Toutes nos émissions ont un rôle et une fonction dans notre offre.

Mais dans un contexte économique fortement dégradé, il nous faut aujourd'hui rechercher la meilleure manière de le faire sur des grilles de programmes généralistes, en radio comme en télévision ou sur nos plateformes interactives, tout en poursuivant la mission de service public à laquelle nous sommes très attachés. Cela va sans doute nous conduire à trouver de nouvelles approches aussi bien en matière de production que de choix du vecteur le plus approprié pour tel ou tel domaine de programme. Et en matière de musique (populaire, classique, actuelle, etc …) la radio est beaucoup plus performante que la télévision.

Il n'en reste pas moins que la TV continuera à traiter de(s) musique(s) populaire(s), raison pour laquelle nous avons initié au lendemain du 25 janvier, sur proposition de la RTS, un groupe de travail mixte dont la fonction est d’étudier de nouvelles formes de collaborations entre vos formations et associations et nos médias. Une séance à laquelle Monsieur Dagon a personnellement participé a d'ailleurs eu lieu le lundi 14 mars. Au passage je note que lors de cette séance personne n'a évoqué la pétition reçue trois jours plus tard.

Enfin, comme je l'ai dit le 25 janvier, la RTS couvrira la Fête fédérale de Musique à Montreux sur l’ensemble de ses vecteurs durant les 2 week-ends de la manifestation. Mieux, elle consacrera quatre émissions de TV en prime time les vendredis 3, 10, 17 et 24 juin à travers une série nationale initiée par la RTS. Plus tard dans la saison, une autre opération est prévue à l'occasion de la Fête Fédérale de Lutte et des Jeux Alpestres à Estavayer en août. Donc même sans Kiosque à Musiques TV, la musique populaire restera bien présente sur l’ensemble de nos antennes.

Venons-en maintenant au second sujet de votre pétition. Il traite en réalité d'un tout autre problème. Celui du renouvellement de la grille de programmation d'Espace 2. Cette action est urgente car la chaîne, à laquelle nous sommes tous attachés, est entrée dans une zone de danger. Il devient parfois difficile de repérer et mesurer son audience qui fond et vieillit. Ce n'est pas acceptable et ce n'est pas rendre service aux contenus d'Espace 2 que de laisser une telle situation perdurer. La moyenne d'âge de son public atteint près de 70 ans et toutes les émissions sont en perte d’audience.

Nous avons donc lancé un chantier de rénovation. Il se base sur un principe simple: maintenir les domaines éditoriaux et musicaux proposés, mais revoir leur programmation, leurs équilibres, le format, le ton, le rythme et la nature de nos émissions. Quitte pour cela à mettre en discussion certains rendez-vous et donc certaines habitudes. Ce travail de réflexion est parfaitement légitime et n'a pas pour objectif de dégager des économies. Vous conviendrez  certainement qu’il est pour le moins normal qu'il se conduise en toute indépendance, à l'interne et non pas sur la place publique.

Ce renouvellement sera effectif à l'occasion de la rentrée du 29 août et sera complété par le développement d'une plateforme numérique RTSculture destinée à renforcer notre offre culturelle globale sur l’ensemble des médias de la RTS, y compris les réseaux sociaux. Le pari est de tenter de rejoindre les différents publics là où ils se trouvent et de les additionner plutôt que d'attendre désespérément qu'ils ne s'adaptent à une programmation qui ne les séduit plus. Aujourd'hui, Chant Libre réunit moins de 3000 personnes à l'échelle de la Suisse romande ce qui représente env. 2,5% des 80'000 auditrices et auditeurs de notre région à cette heure-ci. Quant à JazzZ, l'émission a perdu la moitié de ses auditeurs en quelques années. Cette érosion est plus rapide encore que celle de l'ensemble de la chaîne. Il nous faut donc trouver une solution qui satisfasse celles et ceux qui apprécient ce genre musical. Et ils sont certainement plus nombreux que les 800 auditeurs, qui certains soirs, nous écoutent ! Le succès des festivals et des écoles de la région en atteste. C'est pourquoi nous devons impérativement repenser la place que nous consacrons à ce domaine musical.

Cette désaffection générale est d'autant plus inquiétante que l'actualité culturelle et musicale romande est dynamique, riche et diverse. Les chiffres que vous mentionnez dans votre pétition au sujet du nombre de chœurs et de chanteurs actifs montrent que même les praticiens ne sont pas des auditeurs réguliers de notre offre actuelle. La faire évoluer est donc urgent et nécessaire.

En vous remerciant d'avoir pris le temps de me lire, je vous adresse, Mesdames, Messieurs, mes meilleures salutations.

Gilles Pache, Directeur des Programmes