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Associations cantonales 01.05.2024

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Fêtes régionales, premier épisode

Céciliennes de Notre-Dame des Marches

Deux définitions pour mieux comprendre

Nouthra Dona di Maortsè. Qui n’a jamais entendu cette magnifique prière composée par le chanoine Joseph Bovet ? Notre-Dame des Marches, c’est aussi une chapelle sise au pied de la Dent de Broc et en face du Moléson, dans un cadre idyllique, en pleine Gruyère. Lieu de pèlerinage, cette chapelle a donné son nom à l’association des Céciliennes regroupant les chœurs paroissiaux de deux unités pastorales géographiquement proches de ladite chapelle.

Céciliennes ? En référence à Sainte Cécile patronne des musiciens. Laissons la parole à Évelyne Tissot, présidente de l’association : « Il s’agit d’un mouvement catholique qui s’est développé en Allemagne et en Autriche au 19ème siècle. Son but était de promouvoir le retour du chant polyphonique et a cappella, hérité de Palestrina. En Suisse, le mouvement Cécilien a trouvé un terreau dans les cantons catholiques et plus particulièrement en terre fribourgeoise où il est resté très actif, notamment grâce à l’apport de l’Abbé Bovet qui a été président des Céciliennes une quarantaine d’année depuis sa nomination en 1908. Au début du 20ème siècle, les chœurs d’église étaient composés d’hommes puis sont devenus mixes et se sont groupés en associations. Actuellement, nous en comptons 13 dans le canton de Fribourg.Notre association a donc un certain âge mais elle est toujours vaillante, motivée et enthousiaste.

 

Prélude

Le 22 octobre 2023, l’association des Céciliennes de Notre-Dame des Marches organisait des mini-céciliennes (appelées dans le jargon choral local « le coup du milieu »). Les 6 chorales concernées se réunissaient pour un programme libre à La Roche avec la mission d’y inviter les sociétés de jeunesse villageoises. Défi intéressant puisque quelques jeunes ont intégré définitivement les rangs de certains ensembles.

 

Concerts

Les mêmes chœurs se sont retrouvés 6 mois plus tard, du vendredi 19 au dimanche 21 avril 2024 dans un programme exclusivement sacré. Le premier soir, Les quelque 160 choristes se retrouvent en l’église du magnifique village gruérien qu’est Charmey. L’un après l’autre ils interprètent 3 pièces devant Elisabeth Gillioz, experte de cette fête. La présentatrice du soir, Christine Ruffieux, a eu l’heureuse idée demander à l’avance aux chœurs leurs évènements marquants et de faire un portrait écrit de leur directrice et directeurs. Très amusant pour les chefs de découvrir les qualités et défauts envoyés par leurs choristes ! Le programme est éclectique montrant un large éventail de l’histoire du chant sacré de la Renaissance à nos jours. Le temps pour les choristes de prendre une pause sous forme apéritive et à l’experte de mettre ses notes au clair, et c’est, jusque tard dans la nuit, la ronde des choristes pour entendre le commentaire sur leur prestation. Précision, empathie, tout est dit avec bienveillance et clarté et les choristes sont enchantés.

Le lendemain, c’est à un concert que les choristes sont conviés. Renaud Bouvier et ses Vocalistes Romands présentent un programme liturgique russe. Schnittke, Tchaïkovski, Rachmaninov et Kalinnikov sont à l’honneur. Malheureusement, bien des choristes qui auraient pu savourer l’écoute d’un ensemble d’élite sont venus au compte-goutte.

 

Messe

Le dimanche matin, c’est la grand’messe. Après une salutation d’Évelyne Tissot, présidente de l’association, le doyen Claude Deschenaux, curé modérateur,  relève, dans son homélie que « au cœur de ce monde qui vit de plus en plus l’individualisme, et parfois même un grand égoïsme, les choristes sont l’exemple parfait, pour démontrer à chacun de nous, et aux jeunes en particulier, que l’on peut vivre en communauté, que l’on peut quitter son chez soi, que l’on peut consacrer du temps pour les autres, que l’on peut se dévouer sans compter, que l’on peut vivre la persévérance, et vivre, épanouis, heureux de tout ce que nous faisons, heureux de tout ce que nous sommes. Il n’est pas toujours facile de faire partie d’un chœur mixte paroissial, cela demande des efforts, cela demande de la patience, cela demande du courage, cela demande de l’endurance. Mais faire partie d’un chœur-mixte, cela nous apporte aussi beaucoup de satisfactions. Ce qui vous anime, c’est le plaisir du chant, et en particulier du chant religieux, c’est le plaisir de rencontrer les autres, de vivre de merveilleux moments avec les autres, c’est de partager tant de choses avec les autres. Faire partie d’un chœur mixte paroissial, ou même de toute autre société locale, c’est nous permettre d’aller vers les autres, de nous ouvrir aux autres, de partager des moments de fraternité et d’amitié. Faire partie d’un chœur-mixte, c’est comme une communauté. Nous apportons nos différences, nos dons particuliers et nous arrivons à en faire une mélodie harmonieuse, nous arrivons à en faire une vie heureuse, pour notre bien, et pour le bien de tous. »

 

Création

Pour l’occasion, le comité des Céciliennes a commandé une messe à Valentin Villard, qui habite la région, lequel tient les orgues lors de l’office. Au départ, certains choristes plus timorés font un peu la tête face à des harmonies qui les font sortir de leur zone de confort. Mais, petit à petit, ceux-ci s’aperçoivent que cette musique est magnifiquement écrite et qu’elle sait faire sonner les voix. Tous les chœurs ont eu l’occasion, une ou plusieurs fois, de chanter cette œuvre dans leur paroisse. Mais, bien sûr, l’effet est différent si l’on chante à 25 ou à 160 ! Une énergie incroyable fait vibrer les murs et les vitraux de la resplendissante église Saint Machin. Daniel Brodard, qui a mené les répétitions d’ensemble précédant la messe sait trouver le mot juste pour que tous se sentent concernés. Les autres pièces de la liturgie sont dirigées par quelques chefs des autres chorales, obligeant les choristes à s’adapter en deux temps trois mouvements à un autre style, une autre gestique. Et le pari est gagné. Le banquet qui s’ensuit est également une réussite, alliant retrouvailles, chants, et gastronomie. Le présentateur Dominique Pasquier fait florès avec des histoires sur chaque village présent, propos distillés avec un humour subtil. Le tout se terminant, comme de bien entendu en Gruyère, par les meringues et la crème double !


Photos : Marie-Hélène Kaufmann

Ausrichtung: oben

Thierry Dagon